LA LECTURE
Maintenant tu sais lire couramment, dit Marraine. Couramment, ça veut dire avec facilité, avec aisance. C’est vrai que pour la lecture, les choses vont de mieux en mieux. Je ne bute plus sans cesse sur les mots un peu longs ou difficiles et Marraine n’a plus besoin de me reprendre aussi souvent. Maman Jane dit qu’elle est fière de moi et que bientôt je pourrai puiser dans la bibliothèque de Grand-papa. Je n’en suis pas encore là. Pour l’instant, je me contente de mes livres d’école et depuis peu, j’ai attaqué le grand livre reçu comme cadeau d’anniversaire pour mes 7 ans. C’est un grand livre rouge avec sur la couverture cartonnée le dessin d’une petite fille et de son chien. Ca s’appelle Zette, histoire d’une petite fille. Faut pas croire que c’est facile à lire, les phrases sont longues, avec beaucoup de virgules et de points de suspension et il y a des mots que je ne comprends pas très bien du premier coup.
Mais bon, j’avance tout doucement dans cette histoire et je la trouve pas très passionnante. Zette est une petite personne capricieuse, qui fait autant de bêtises que Sophie, tu sais l’héroïne de la Comtesse de Ségur. Cette Zette, tout le monde la vouvoie, comme si c’était une grande personne. Sauf Poum, pour lequel Zette n’a pas une admiration débordante. Poum est un fâcheux. C’est comme ça qu’on appelle un gêneur, un importun. Zette le trouve un peu grossier. Et Poum de son côté la traite de poseuse et de menteuse. Bref, ces deux-là sont toujours entrain de se chamailler, un peu comme Sophie et son cousin, dont je n’arrive pas à retrouver le prénom. Ah si ! Je crois qu’il s’appelle Paul.
Dans la cour de récréation, avec Henriette, Marie-Jo, Annie et les autres, nous chantons des petits poèmes qu’on appelle des comptines.
J’ai perdu mon tit coq de Chine
La pipe la pompe la rivière du Mât
J’ai perdu ma poule, ma poule
Au fond du cabinet.
Celle-là de comptine, je la trouve pas dans mon livre « Comptines en liberté ». J’ai déjà cherché. Introuvable. Pourquoi ? Nous chantons aussi :
Une poule sur un mur
Qui picote du pain dur
Picoti picota
Lève la queue (ou lève la patte)
Et puis s’en va !
Moi, j’aime particulièrement : Jamais on n’a vu vu vu
Jamais on n’verra ra ra
La queue d’une souris ri ri
Dans la gueule d’un chat chat chat !
Nous avons un joli livre de récitations. J’aime beaucoup le feuilleter, il est joliment illustré. La maîtresse nous fait copier des poèmes dans le cahier de poésies et nous devons les apprendre par cœur et les réciter en mettant le ton. J’ai toujours des bonnes notes en récitation. En ce moment, nous récitons « Dame souris », une poésie de Paul Verlaine. Je la trouve amusante.
Hier soir, en allant dire bonsoir à Maman Jane, j’ai proposé de la lui réciter. J’ai eu peur qu’elle dise non parce qu’elle était entrain de dire sa prière. Mais elle a mis le chapelet dans le creux de sa main et elle a dit : Vas-y, en souriant.
Dame souris trotte
Noire dans le gris du soir…Je me suis un peu trompée dans la dernière strophe et pourtant c’est celle que je préfère :
Dame souris trotte
Rose dans les rayons bleus
Dame souris trotte
Debout paresseux !
Maman Jane m’a dit : Ca mérite une image. Et elle s’est levée et a ouvert son armoire. Dans une boîte en fer blanc, il y avait un gros tas d’images et j’ai eu droit à une dentelle de papier de toutes les couleurs représentant un bouquet de myosotis. Génial ! La prochaine fois, à Maman Jane, je lui dirai :
Dors mon beau chat, dors
Ferme un peu tes yeux cousus d’or
Les souris vont venir
Les jolies petites souris
Que tu croques à belles dents