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maman jane
10 janvier 2012

LE MANGUIER

 

C’est un bon gros vieux manguier qui ne donne pas grand-chose, juste quelques mangues « pou rougail », c’est tout mais il fait de l’ombre devant la maison et nous aimons nous asseoir dessous pour manger le goûter. Et pourquoi pas manger le goûter à califourchon sur une de ses branches ? Ces jours derniers, Criquette et moi, nous avons exploré les grosses branches basses. Nous y avons monté nos poupées et nos livres pour faire la lecture, le dos appuyé contre le tronc.

 Aujourd’hui, c’est décidé, nous poussons l’aventure plus haut. Je monte la première, normal je suis l’aînée. Criquette suit sans trop de  peine. De branche en branche, me voilà bien haut, là où ça commence à balancer. Dommage de s’arrêter là ! Mes pieds trouvent de nouveaux appuis et me voilà finalement sur la plus haute branche, au faîte de l’arbre. Victoire ! Mais ça tangue drôlement. Le moindre petit souffle de vent et il me semble sentir tout le manguier trembler sous mes pieds. Qu’importe ! C’est vraiment chouette de tout découvrir du haut de ce perchoir. D’ici, j’ai une vue toute nouvelle sur la maison de Maman Jane…Criquette s’est arrêtée bien plus bas. Je crie : Allez viens, fais pas la poltronne. C’est quoi la poltronne, elle demande. Mais enfin, qu’est-ce qu’elle t’apprend ta maîtresse… Poltronne, c’est quand tu as peur. C’est pour dire que tu as peur. On dit aussi froussarde  ou trouillarde.

Mais voilà Maman qui appelle pour le goûter. Bah ! J’ai pas très faim et puis ici, c’est vraiment magnifique. Tiens, il faudrait  monter le goûter dans un petit panier avec une corde ! Bon, Maman insiste, faut descendre. Descendre, c’est plus facile à dire qu’à faire. Ca balance de plus en plus. Criquette est déjà en bas. Mais moi, je commence à paniquer, je ne trouve plus d’appuis pour descendre. J’aurais dû faire comme le Petit Poucet, semer des cailloux sur le chemin de la montée pour retrouver celui de la descente… J’ai beau envoyer le pied, tâtonner, rien à faire pour trouver où le poser. J’essaie avec le pied  gauche, puis à nouveau avec le droit, rien à faire. Me voilà bien ! Je me mets à transpirer et à trembler.

 Je serre le tronc de plus en plus fort. J’ai le vertige, j’ai le tournis. Quand je lève la tête, à travers le feuillage, je vois les nuages qui filent dans le ciel. Je baisse la tête et tout en bas je vois Maman qui est venue aux nouvelles et qui me crie que je n’ai plus qu’à attendre l’arrivée de Papa.

Je suis en fort bonne position  pour voir Papa  arriver en haut de l’escalier. Mais dans combien de temps, mon Dieu ! Toujours collée au tronc, les jambes serrées, doigts et ongles accrochés à  l’écorce, j’attends la délivrance.

 « Papa, viens cherche a moi ! » Mon cri l’a surpris dès son arrivée. Tout en descendant, il a cherché d’où venait l’appel de détresse. Je me suis empressée de lui donner les précisions nécessaires. Le temps d’enfiler un short de jardin, en un rien de temps, il est près de moi, le Papa-Sauveur, m’entourant de ses bras, guidant mes pieds, assurant mes prises. « Prochaine fois, rest’ dormir là-haut », a bougonné Maman, tandis que je remets les pieds sur la terre ferme.

 Maman Jane, venue à la rescousse, ajoute : « Alors mon enfant, il paraît que l’homme descend du singe… »

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